vendredi 17 octobre 2014

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Exposition à la suite de la résidence de production en Loir et Cher, 2014
avec Les Promenades photographiques de Vendôme

Dans le cadre de la coopération internationale
du projet "Un pont sur l'atlantique"entre les Rencontres internationales de la photographie de la Gaspésie
et Les Promenades photographiques de Vendôme 2014

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Quelque part... au centre       Volet 1
 
C’est où?  Voilà la question que souvent on me pose en regardant mes images d’un lieu. Le regard du spectateur croise alors le mien pour confronter ses attentes ou ses idées reçues au sujet d’un endroit qu’il croit reconnaître.

Ainsi, produire un travail photographique au sujet d’un lieu particulier qui pourrait plaire aux résidents est toujours une tâche hasardeuse. Si la photographie a la capacité de représenter le monde, elle est d’abord et avant tout la vision d’un individu. Le défi de mon travail de résidence fut alors de trouver cette vision à propos de lieux que je découvrais tous les jours. Et ici, le poids de l’histoire est partout. Tout est chargé des poussières du temps.

Je suis d’Amérique, je vis au Québec. Je n’ai pas grandi autour des châteaux ou de la vigne. Alors comment faire pour éviter une vision exotique de la douce France. Je suis venu à Vendôme avec bien peu d’idées sur ce que je pourrais y trouver mais avec une volonté résolue de pouvoir en saisir le caractère essentiel. Il y a une belle folie dans l’idée de traverser l’océan pour venir à la recherche d’images de quelque chose dont on ignore l’existence. En me déplacant sur le territoire, sillonant le département, je me suis imprégné de ce que le teritoire m’offrait. J’ai sillonné le département d’Est en Ouest, du Nord au Sud, utilisant l’automobile comme habitacle de recherche.

J’ai travaillé de manière instinctive, dans l’absence d’un sujet précis, sans directives ou scénario. Je naviguais à l’œil. Les règles s’inventaient au fur et à mesure. L’essentiel de ma démarche reposait sur ce que le présent me proposait, en tout moment et en tout lieu. La pratique quotidienne fut pour moi une théorie de travail, un engagement dans le potentiel visuel et poétique du flot des choses, au jour le jour, et de leurs incessantes transformations. Et s’il fut guidé par la prise de vue, mon travail fut aussi largement construit dans un second temps, par les narrations et les séquences d’images.  

Avec un parti pris pour la couleur et la verticalité, j’ai photographié le paysage, souvent de l’architecture, et réalisé quelques portraits. Je cherché à donner une parole aux choses muettes, à ce qui lentement disparaît. C’est ainsi que j’ai voulu que cette résidence soit un véritable laboratoire de création, concentré sur le territoire, sur les découvertes de chaque jour. J’ai exploré les cartes, cherché des fragments d’histoire, questionné les rencontres sur ma route, fouillé les replis des campagnes, longé la rivière, attendu la lumière, trouvé la distance, exploré les églises et châteaux, interrogé l’horizon plat et sondé les ciels chargés d’orages. J’ai voulu que ces photographies soient marquées par le sceau de cette expérience humaine du voyage.

Autant j’ai travaillé sur ce que je trouvais, l’ici et le maintenant, autant j’ai construis de petites fictions créant des récits après le fait qui associent des images provennant de lieux et situations très différents. Ce travail de narration tente de donner le ton et l’atmosphère que j’ai retrouvé dans le département, plus qu’ils ne décrivent. Ces rencontres inattendues tendent à accentuer l’ambiguïté des images. Et se sont souvent ces ambiguïtés, cette non descriptivité de l’image qui m’attire. Son aspect poétique et incertain.


Bertrand Carrière
Saint-Denis-de Brompton, Québec
13 octobre 2014


* Le volet 2 aura lieu lors des Promenades photographiques de Vendôme à l'été 2015